„Ceux qui ont eu un jour la curiosité de demander à voir la Lune de nuit à travers de bonnes lunettes seront sans doute tombés dans un agréable ravissement devant ce spectacle, et s’ils n’avaient pas encore eu une trop grande connaissance de l’astronomie, ils auraient cependant eu la satisfaction d’avoir vu une chose à la possibilité de laquelle ils n’auraient guère cru auparavant. Et en effet, qui ne devrait être touché quand on est habitué depuis sa jeunesse à voir un corps céleste que l’on ne juge plus guère digne du regard lorsque cette même personne, voici ce que je tiens à dire, a le plaisir de découvrir en la Lune un Monde. On y voit beaucoup d’élévations et de dépressions, de grandes et petites surfaces plates, ce que notre esprit est contraint d’appeler des montagnes, des vallées, des terres plates mais aussi des mers et des lacs. On voit comment ces montagnes sont éclairées à leurs sommets et comment elles mettent dans l’ombre leurs vallées voisines. En un mot, on ne voit à la surface de la Lune pas moins de variations et de diversité que sur notre Terre, ou comme nous la percevrions si elle était aussi loin de nos yeux que la Lune. Si sur tout cela on se fait encore dire par les astronomes qu’ils sont capables de mesurer la hauteur des montagnes de la Lune, la profondeur de ses vallées et la grande taille de ses plaines; et si l’on entend d’eux que ces choses ne sont pas plus petites que celles de la Terre, mais qu’elles les surpassent dans une certaine mesure: alors on ne fera aucune difficulté pour, avec les astronomes, tenir vraiment la Lune pour une Terre, et leur accorder la même foi s’ils poussent encore plus loin la ressemblance entre ces deux corps“.
Rapport de moonballs.
Tobias Mayer explique son intention de créer un globe de lune avec de vraies proportions de plaques et de cratères lunaires. Lettre publicitaire pour le globe. La maison d’édition des héritiers de Homann. 1750.
Informations de fond.
Dans le cadre de ses recherches sur la détermination de la longitude par l’astronomie, il était nécessaire que Mayer dispose d’une carte de la Lune aussi exacte que possible. Une comparaison de sa carte avec une carte actuelle et une photo satellite montre qu’il a eu beaucoup de succès. La carte de la Lune de Mayer est restée inégalée dans son exactitude pendant 100 ans. Elle contient, entre autres, pour la première fois, les latitudes et longitudes, que l’on appelle coordonnées sélénographiques.
Vers 1748, Tobias Mayer (1723-1762) commença à travailler à un globe de la Lune et deux ans plus tard, il publia son rapport sur les globes de la Lune produits par la „Kosmographische Gesellschaft“ à Nuremberg […]. L’effondrement de la „Kosmographische Gesellschaft“ eut pour conséquence l’inachèvement du globe de la Lune.
En utilisant le matériel conservé (six planches imprimées originales, huit dessins préliminaires et la petite carte de la Lune de Mayer), le „Tobias Mayer Verein“ de Marbach en coopération avec l’atelier ARS MECHANICA (Dr. Günther Oestmann et Dr. Felix Lühning) à Brême a fait refabriquer et a produit en 2009 le globe de la Lune.
Les globes ont été fabriqués selon les techniques traditionnelles de l’époque. Les bandes de globe ont été collées sur des globes de 39,5 cm de diamètre en carton recouvert de plâtre. Le globe de Lune est équipé d’un axe vertical sur un pied en bois tourné.
Les 25 globes sont maintenant répartis dans le monde entier, c’est ainsi qu’on peut voir un exemplaire à La Mecque ou un autre à la British Library à Londres. On trouve également un exemplaire dans de nombreux observatoires, et comme chacun d’eux a été fabriqué de manière absolument artisanale selon les méthodes du 18ème siècle, on peut en vérité parler de pièce unique pour chacun.